ORDINATION SACERDOTALE                        .  JER. I, 4-8

Paroisse CRISTO RISORTO                               . Ps. 95

Hedzranawoe                                                         . MATTHIEU IX, 35 – X, 8

21 DECEMBRE 2013

 

 

          Hier, sept de vos Aînés ont célébré leur anniversaire d’ordination sacerdotale. Parmi eux se trouve Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO, Archevêque émérite de Lomé, qui vient de boucler ainsi 54 ans de sacerdoce… Demain, ceux qui célébreront leur anniversaire d’ordination sacerdotale seront également au nombre de sept ! Mais, à compter de ce jour (21 décembre 2013), vous serez dix-sept à célébrer ensemble votre anniversaire d’ordination sacerdotale.

 

          Bien chers futurs prêtres, vous entrez donc ainsi, par l’insigne grâce du Seigneur, dans la lignée honorable et sacrée de vos illustres aînés dans le Sacerdoce ministériel. Rendons grâces spécialement en ce jour avec et pour le Très Révérend Père Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI qui en est à son 53e anniversaire d’ordination sacerdotale ! Et rendons grâces particulièrement avec et pour le grand Doyen, Monseigneur Robert-Casimir DOSSEH-ANYRON, Archevêque émérite de Lomé, qui totalise aujourd’hui 62 ans de vie sacerdotale ! Dans notre chant d’action de grâces pour les merveilles du Seigneur pour son peuple par le ministère de ses prêtres, confions-Lui le Très Révérend Père Nicolas OURADEI qui célèbre en ce moment même son jubilé d’or sacerdotal en la Cathédrale Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face de Sokodé, entouré de l’Evêque du lieu et son presbyterium et l’ensemble de la Famille diocésaine.

 

          Bien chers frères et sœurs, en votre nom à tous et à toutes et aussi en mon nom personnel, il me tient à cœur de remercier le Père Michel AFOMALE (le Curé), le Père Abel WAMPA (son Vicaire), les Prêtres résidents, ainsi que l’ensemble de cette vivante Communauté paroissiale CRISTO RISORTO de Hedzranawoe qui nous accueille avec tant d’enthousiasme ce matin pour cette importante cérémonie d’ordination de quinze nouveaux prêtres. Je salue avec une gratitude inexprimable les parents, les familles, les connaissances, les amis, les bienfaiteurs et bienfaitrices des élus du jour, qui participent avec une immense joie à cette liturgie d’ordination presbytérale.

 

          Bien chers ordinands et vous tous, frères et sœurs bien-aimés, nous célébrons en ce jour la fête d’un fidèle et remarquable témoin du Christ Jésus, « second apôtre de l’Allemagne » après Saint Boniface : Saint Pierre Canisius, prêtre et docteur de l’Eglise.

 

          Né à Nimègue en 1521, il reçut une solide formation littéraire et philosophique à Cologne avant de commencer à s’adonner aux études de droit, par obéissance à son père, alors qu’il entendait résonner souvent dans son cœur cette voix : « Va, enseigne l’Evangile à toute créature »… Dans ses Confessions, l’on pouvait être frappé par ces mots : « La théologie mystique et la vie spirituelle avaient plus d’attrait pour mon cœur, mon âme y trouvait plus de suc, un aliment plus savoureux ». Par le Père Fabre, il fit la connaissance de la Compagnie de Jésus. A 22 ans il fit les « exercices spirituels » de Saint Ignace de Loyola et se décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Diacre à    23 ans, il s’initia à la prédication, à l’enseignement universitaire et au Catéchisme.

 

          Ordonné prêtre à 25 ans, il eut à participer au Concile de Trente… A Rome, on lui confia l’implantation de la Compagnie de Jésus en Allemagne.

 

          Fixé d’abord auprès de l’Université d’Ingolstadt, il devint Administrateur du Diocèse de Vienne (Autriche) et Provincial de la mission. Il fonda des Collèges et des Universités (de l’Alsace jusqu’à Prague). Puis, Pie IV le chargea de faire appliquer les décrets du Concile de Trente en Allemagne et aux Pays-Bas. Il s’appliqua à écrire bon nombre de traités dont « la Somme de la doctrine chrétienne » et le « Petit Catéchisme ». Alors qu’il était épuisé, on l’envoya fonder le Collège de Fribourg en Suisse.

 

          Il s’éteignit le 21 décembre 1597, à 76 ans. Pie XI le proclama Docteur de l’Eglise (1925) pour sa doctrine, fidèle interprète de celle du Concile de Trente, rempart contre le protestantisme et vivante lumière de la pratique chrétienne.

 

          Voilà, à grands traits, l’aperçu d’une vie de prêtre toute donnée et dépensée pour l’annonce de l’Evangile, l’éducation de la foi, l’instauration des bonnes mœurs et l’édification du Règne de Dieu au cœur de la cité…

 

          Chers ordinands, que l’exemple édifiant de Saint Pierre Canisius soit pour vous un puissant stimulant dans l’accomplissement assidu et fidèle de votre ministère sacerdotal.

 

          Bien chers futurs prêtres, en ce jour inoubliable de votre ordination presbytérale, j’aimerais que vous preniez conscience que le monde auquel vous êtes envoyés dès aujourd’hui se révèle de plus en plus comme un monde d’orphelins et d’orphelines, et cela, même pour ceux et celles dont les parents seraient encore en vie. Oui, ce monde d’orphelins a besoin de vrais pères, de tuteurs, de tutrices, de protecteurs et de mentors. Ce monde a besoin de véritables repères dans la mesure où, ballotté à tous vents de doctrine, il est assoiffé de vérité, de justice, de connaissance, de discernement et de sagesse. A cause de cela, il a plus que jamais besoin de guides sûrs, lucides et courageux qui indiquent la voie à suivre et qui accompagnent avec assurance. Comme le proférait un jour Mgr Henri Goudreault, « les hommes d’aujourd’hui aiment à rencontrer quelqu’un qui, au milieu des difficultés, des contradictions, des luttes, présente un visage de sagesse, de sérénité, de paix, de joie, d’amour. Ils sont impressionnés et attirés par un homme qui sait où il va, qui sait pourquoi il vit, qui sait en quel sens il doit orienter sa liberté, son agir ».

 

          L’Evangile selon Saint Matthieu retenu pour notre méditation en ce jour d’ordination sacerdotale nous fait contempler en Jésus, l’Eternel et Souverain Prêtre, Celui qui, « voyant les foules, eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger »…

 

          Aujourd’hui encore, notre humanité a besoin de bergers selon le cœur à la fois humain et divin de Dieu. Elle a besoin de pasteurs pour panser délicatement les blessures des enfants de Dieu et les restaurer dans leur dignité première bafouée. Elle a besoin de prophètes et de « ces fous admirables de Dieu », c’est-à-dire de phares lumineux dans l’immense nuit de notre monde. Au fond, elle a besoin de saints (qui s’ignorent) qui manifestent des signes de la puissance et de la miséricorde de Dieu.

 

          Voilà, bien chers futurs prêtres, ce que le monde attend de vous, d’une manière ou d’une autre, sans savoir toujours l’exprimer directement et clairement. Et, pour avoir reçu gratuitement, le Maître et Seigneur vous demande de donner gratuitement… pour le bien de son peuple auquel Il vous envoie.

 

          Tout cela pourrait vous paraître presque impossible et quelque peu effrayant. Mais, comme Il l’a dit naguère à Jérémie, Il s’adresse de la même manière à chacun d’entre vous : « Tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu diras tout ce que je t’ordonnerai. Ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer ».

 

          Bien chers amis qui recevez gratuitement ce matin le don inestimable et incommensurable du Sacerdoce ministériel, renouvelez chaque jour votre confiance et votre espérance dans le Seigneur qui vous a « appelés d’un saint appel, non en vertu de vos mérites, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce » (cf. II Tim. I, 9).

 

          Hommes de parole et de la Parole de Vérité et de salut, hommes du pain de vie qu’est l’Eucharistie, hommes du pardon et de la miséricorde, hommes de prière gratuite et d’action de grâces, hommes de la paix, veillez constamment à garder devant les yeux l’exemple du Bon Pasteur venu chercher en ce monde et sauver ce qui était perdu, appliquez-vous à rassembler les fidèles dans l’unité d’une seule famille : cette unité, vous le savez, est fondée et enracinée dans celle du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

 

          Bien chers frères et sœurs bien-aimés qui êtes témoins de cette merveille que le Seigneur fait pour nous en ce grand jour, prenons tous l’engagement de ce  devoir impérieux qui nous incombe de porter nos nouveaux prêtres dans une prière fervente afin qu’il leur soit donné, par l’assistance de l’Esprit de force et d’amour et l’intercession de la Vierge-et-Mère, de demeurer toujours intimement unis au Christ, Eternel et Souverain Prêtre, pour porter beaucoup de fruits de sainteté pour la Gloire du Père de toute bonté et bienveillance !

 

                                                                     Amen !

 

 

Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH

Archevêque de Lomé