JUBILÉ DE DIAMANT                             . Isaïe 63, 7-9

JUBILÉ D’OR                                            . Eph. I, 3-14

JUBILÉ D’ARGENT                                 . MATTHIEU XI, 25-30

Sœurs N.D.E.

Noépé, 22 août 2012

 

 

Le Calendrier romain publié en 1969 a déplacé au 22 août (jour octave de la Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie) la fête de MARIE REINE, que le Pape PIE XII avait instituée en 1954 et fixée au 31 mai. Ce déplacement est tout heureux et se justifie par le fait que la dignité royale de la Vierge Marie se trouve en lien étroit avec sa pleine glorification et sa parfaite ressemblance à son Fils, le Roi des siècles.

 

Le deuxième Concile du Vatican, pour sa part, nous enseigne que         « la Vierge Immaculée… ayant achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée, avec son corps et son âme, à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être plus pleinement conforme à son Fils, le Seigneur des seigneurs (cf. Apoc. XIX, 16), le Vainqueur du péché et de la mort » (Lumen Gentium, N° 59).

 

En ce 22 août 2012, nous célébrons à cœur joie, dans l’Eglise universelle, la Mère du Seigneur, Celle que Dieu nous a donnée comme notre MÈRE et notre REINE. Et encore ? Nous célébrons également en ce jour le JUBILÉ DE DIAMANT de l’Institut des Sœurs de Notre Dame de l’Eglise (N.D.E.).  En effet, comme l’expliquait Mgr Joseph STREBLER, le Fondateur, dans son Exhortation aux Sœurs NDE à l’occasion du Jubilé d’argent, le 15 août 1977, le 22 août, « l’Eglise célébrait à l’époque la Fête du Cœur Immaculé de Marie, auquel le Pape Pie XII venait de consacrer le Monde. Cette fête devint alors la fête patronale de la Congrégation, à laquelle, à l’avenir, nous célébrerons les Prises d’Habit et la Profession Religieuse… Ce fut vraiment le jour de Naissance de l’Institut sous le regard maternel de la Mère de Dieu, à qui nous avons consacré la Congrégation ». N’oublions pas qu’à sa fondation, l’Institut portait le nom de « Congrégation des Petites Servantes des Saints Cœurs de Jésus et de Marie ».

 

Oui, pour Monseigneur Joseph STREBLER, « il était urgent de fonder une  Congrégation autochtone, de droit diocésain : elle fut fondée le 15 août 1952, à Noépé, … sous le nom de « Congrégation des Petites Servantes des Saints Cœurs de Jésus et de Marie de Lomé »… Formées d’abord par les Petites Servantes du Sacré-Cœur de Menton, elles ont été (par la suite) confiées aux religieuses de l’Assomption » (Lettre à l’abbé G. Knittel). « Pour l’évangélisation en profondeur, il a jugé qu’il était indispensable que les Religieuses issues de chaque Eglise locale et du pays où elle est implantée oeuvrent aux côtés du clergé autochtone, et que les jeunes filles qui le détient puissent réaliser l’idéal de la perfection évangélique dans leur propre pays       (cf. Sœur Marie-Gonzaga Johnson, Monseigneur Joseph Strebler, un Hymne à la Gloire de Dieu, p. 85-86).

 

          En fondant cette Congrégation, Mgr Strebler faisait passer dans les faits la pertinente recommandation du Pape Pie XI aux Evêques des Missions : « Fonder des Eglises locales bien structurées, des Eglises particulières autochtones, c’est le but propre de la Mission. L’une des principales obligations de votre charge est de fonder des congrégations autochtones de l’un et de l’autre sexe » (Rerum Ecclesiae).

 

          Le 15 août 1952 donc, Mgr Joseph STREBLER, sous l’emprise de l’Esprit Saint, « Apôtre des missions au cœur de feu et à la vision prophétique », en tant que Fondateur, et suite à l’autorisation accordée à lui par la Sacrée Congrégation de la Propagande le (Prot. N° 250/52) 20 juillet 1952, écrivit le Décret de l’Erection Canonique de la Fondation de la nouvelle Congrégation à Haguenau, en Alsace, Décret contresigné par le jeune Père Robert Dosseh – devenu plus tard le deuxième Archevêque de Lomé, - alors en vacances d’été en Alsace.

 

          Fondée et née ainsi le 15/8/1952, la nouvelle Congrégation est reconnue le 20 juillet 1953 par la même S.C. de la Propagande, qui a approuvé ses Constitutions le 13 avril 1953. Elle a accédé à l’autonomie le 13 juillet 1966, année qui « apporta une réforme importante à la Vie religieuse au Togo ».

 

          Enfin, le 13 juillet 1969, les Sœurs de l’Assomption passent le flambeau aux Religieuses africaines elles-mêmes. « Ce souci d’africanisation », c’est en quelque sorte une « propédeutique » à l’inculturation de la Vie religieuse qu’entreprit Mgr Robert-Casimir DOSSEH-ANYRON qui soulignait que « notre double appartenance à l’Eglise et à l’Afrique nous impose le double devoir de fidélité à l’Eglise et à l’Afrique. Cela veut dire « Fidélité à l’unité et unité dans la variété » (Lettre pastorale du 16 février 1966). C’est à cette même date du 13/7/1969 que la Congrégation, devenue Institut des Sœurs de Notre Dame de l’Eglise, devint réellement autonome avec Sœur Marie Bernadette MENSAH comme première Supérieure Générale élue. Sa devise, « UNITAS CARITATIS », toute augustinienne, est significative de sa spiritualité d’«alliance » à double dimension mariale et ecclésiale, à l’unique source de l’Eucharistie et de la Parole même de Dieu.

 

          Frères et sœurs bien-aimés, en ce beau jour des 60 ans de Fondation de l’Institut N.D.E., des 60 ans de profession religieuse de nos vaillantes Sœurs pionnières Madeleine-Marie ADJANYO et Marie-Rosalie TCHESSOTAGBA, du Jubilé d’or de Sister Mary Anthony MENSAH-WARD, de Mère Marie Reine d’ALMEIDA, de Sœur Marie-Geneviève AGBEVAM, de Sœur Marie de Jésus ATTA, et du Jubilé d’argent de nos huit braves Sœurs, unissons nos voix pour  bénir le Nom du Seigneur. Oui, d’un seul cœur et d’une seule âme, proclamons haut et fort ses merveilles inénarrables d’Amour et de salut, car Il est grand, Il est toute Bonté, Il est puissant ! Oui, chantons sa grande Gloire, car par amour Il nous a créés et, en son Fils Bien-Aimé, IL nous a sauvés. Oui, louons-Le car dans l’Esprit « qui est Seigneur et donne la Vie », Il nous guide et nous sanctifie. Oui, magnifions-Le, car, chaque jour, Il nous donne sa Parole de Vérité et d’Espérance et nous nourrit du Pain de Vie et des pèlerins que nous sommes. Oui, rendons-Lui grâces puisque aussi bien Il nous protège à tout moment et nous bénit largement et abondamment !

 

          Dans le passage du chapitre XI de l’Evangile selon Saint Matthieu que nous venons d’écouter, nous contemplons Jésus, le Bien-Aimé du Père, qui proclame la louange de Celui qui se plaît à révéler aux simples et aux tout petits ce qu’Il a caché aux sages et aux savants, ceux qui prétendent qu’ils savent tout et n’ont rien à recevoir de personne ni même de Dieu, Celui dont provient tout don parfait. Le Fils s’émerveille de l’intimité que Lui offre son Père. Il contemple la communion inouïe qui les unit dans la puissance de l’Esprit Saint : « personne ne connaît le Fils sinon le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils et celui a qui le Fils veut Le révéler ».

 

Fils et filles du Père par la grâce de l’onction baptismale, disciples du Christ Jésus, nous sommes appelés à vivre sous l’emprise de l’Esprit, à nous ouvrir à la puissance et à l’action de l’Esprit du Père et du Fils et à nous appliquer à porter les fruits de l’Esprit : l’amour, la joie et la paix, la patience, la bonté et la bienveillance, la douceur et la maîtrise de soi.

 

          Nos Sœurs de Notre Dame de l’Eglise qui célèbrent aujourd’hui leurs Jubilés de diamant, d’or et d’argent nous invitent tous et toutes à nous mettre nous aussi à l’Ecole du Christ par la voie de la douceur :

 

-        en refusant de nous imposer par la violence ;

 

-        en refusant de prendre les armes pour vaincre ;

-        en disant « non » à l’amour de la puissance et « oui » à la puissance de l’amour ;

 

-        en n’acceptant jamais de vaincre le mal par le mal ;

 

-        en nous évertuant à « vaincre le mal par le bien » comme nous le recommande fortement l’Apôtre Paul dans sa lettre aux Romains        (XII, 21).

 

Oui, bien chers frères et sœurs, allons tous à Jésus, déposons nos fardeaux sous la Croix afin de trouver en Lui le repos et la paix, et la force de repartir à neuf…

 

          La meilleure façon pour nous de rendre grâces à Dieu en un jour aussi merveilleux que celui qu’il nous est donné de vivre aujourd’hui avec nos Sœurs de Notre Dame de l’Eglise, c’est de participer à l’Eucharistie pour célébrer en Jésus mort et ressuscité la Victoire du Serviteur doux et humble qui a su tout remettre entre les mains du Père Tout-Puissant et infiniment miséricordieux. Que dans son Corps livré pour nous et son précieux Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle versé pour nous, nous trouvions la force de continuer à croire, à espérer contre toute espérance et à aimer fidèlement et jusqu’au bout ! Amen !

 

 

Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH

Archevêque de Lomé