JUBILÉ D’OR SACERDOTAL                                                     . Isaïe XLI, 8-10. 17-18.20

TRP Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI                                               . Ps 145, 1-5. 13b-18 

Paroisse St Augustin                                                                        . I Tim. VI, 11-16

AMUTIVE                                                                                        . JEAN XV, 9-17

21 DÉCEMBRE 2010                                                                                                                                                       

 

 

Il est tout à fait extraordinaire et exceptionnel pour un prêtre de Jésus Christ de parvenir à l’exploit de la célébration de son JUBILÉ D’OR SACERDOTAL. C’est certainement là une grâce insigne, inestimable et incommensurable gratuitement accordée par le Seigneur à certains de ceux qui ont reçu l’onction sacerdotale qui les a configurés pour toujours à Jésus Christ, l’Eternel et Souverain Prêtre. Notre heureux Jubilaire de ce jour fait partie désormais de ces privilégiés en s’inscrivant dans la série de choix de ces prêtres de prédilection du Seigneur de toute bonté et bienveillance.

 

Pour l’Eglise-Famille de Dieu au Togo, le tout premier à célébrer son jubilé d’or sacerdotal fut Mgr André Dominique ANATE, Prélat d’Honneur de Sa Sainteté, de regrettée mémoire (+ 08 mars 1998) : c’était le 20 décembre 1981. Il a été appelé auprès du Seigneur pour la Pâque éternelle, juste un an avant ses 100 ans de vie. Béni soit le Seigneur pour cet autre exploit !

 

Le deuxième jubilaire, ce fut Monseigneur Jean GBIKPI-BENISSAN, Administrateur Apostolique de Lomé et Prélat d’Honneur de Sa Sainteté : c’était le 20 décembre 1992. Il participe à la liturgie céleste depuis le 09 juillet 1994.

 

Le 25 avril 1993, ce fut le tour de Mgr Damien KUAKUVI, Chapelain de Sa Sainteté. Le 29 mai 1994, témoin de l’Invisible, il est entré dans la Vie.

 

Le quatrième Jubilaire élu, c’est bien Son Excellence Mgr Robert-Casimir DOSSEH-ANYRON, Archevêque émérite de Lomé, à qui nous souhaitons en ce moment même un très heureux anniversaire d’ordination sacerdotale (le 59e !) : c’était alors le 21 décembre 2001. Commençons déjà à nous préparer pour ses 60 ans de vie sacerdotale (c’est dans un an), en attendant le grand exploit du Jubilé d’or épiscopal du 10 juin 2012 !

 

Le cinquième de la lignée des jubilaires, ce fut le Père Marie Félix NICOLAS, de regrettée mémoire (09 octobre 2008) : c’était le 29 juin 2006.

 

Le sixième, c’est bien le Père Raphaël ADJOLA, du Diocèse de Kara, qui célébrait son Jubilé d’or sacerdotal le 15 juillet 2006 ! Infatigable, à 86 ans d’âge, il continue, sur mesure, son ministère pastoral…

 

Les septième et huitième jubilaires sur la même longueur d’ondes, ce sont le TRP Gérard NYUIADZI, du Diocèse de Kpalimé, et le TRP Fidèle BLEWUSSI, du Diocèse d’Atakpamé : c’était le 23 novembre 2008.

 

En neuvième position, nous trouvons le Père Patrice COLLEY, aujourd’hui Missionnaire au Bénin : c’était le 07 juin 2009.

 

Le dixième à rendre grâces au Seigneur pour son Jubilé d’or sacerdotal, c’est celui qui avait demandé tout simplement au moins cinq années de sacerdoce et qui, hier, a bouclé ses 51 ans d’ordination sacerdotale : il a célébré ses noces d’or sacerdotales le 20 décembre 2009 : le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosité ! Il s’agit, évidemment, de Son Excellence Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, Archevêque émérite de LOMÉ.

 

Enfin, le onzième de la cordée à rendre grâces au Seigneur en ce 21 DÉCEMBRE 2010 pour ses 50 ANS DE VIE SACERDOTALE, c’est bien le Très Révérend Père Pierre Dovi Kondo N’DANU-ALIPUI, Vicaire Episcopal et Curé de la Paroisse Immaculée Conception de NYEKONAKPOE.

 

Très Révérend Père Jubilaire, en ce jour mémorable de votre Jubilé d’or sacerdotal, vous avez tenu à proposer à notre méditation des passages clés de l’Ecriture Sainte qui vous parlent très fort et ont dû faire plus d’une fois l’objet de votre propre méditation.

 

          Les six versets choisis du chapitre 41 du prophète Isaïe contiennent des paroles qui n’ont pas manqué de vous fortifier et de vous enraciner dans la foi en votre vocation sacerdotale : « Je t’ai CHOISI », dit le Seigneur. Ne crains pas car Je suis avec toi, n’aie pas le regard anxieux, car Je suis ton Dieu. Je te rends robuste, oui, Je t’aide… Je te soutiens par ma droite qui fait justice… » En réponse à ces paroles rassurantes du Seigneur qui n’a jamais cessé de vous inviter à vous appuyer constamment sur Lui, vous avez trouvé la force de persévérer jusqu’au bout, de renouveler votre confiance en Lui. Et librement vous avez dit un « oui » total au Seigneur en acceptant volontiers la grâce indélébile de l’onction sacerdotale à Rome ce 21 décembre 1960 dans la Chapelle du Collège Pontifical Urbain de Propaganda Fide. L’on comprend alors que cinquante ans après, vous soyez véritablement émerveillé devant l’appel que le Seigneur vous a adressé. Oui, en ce jour de votre jubilé d’or sacerdotal, vous avez amplement raison d’être profondément « émerveillé devant la bonté, la miséricorde et la fidélité » de votre « Dieu Créateur et Sauveur ». Oui, plus que jamais, c’est bien l’heure d’une « immense reconnaissance envers mon Dieu fidèle qui ne peut se renoncer Lui-même et qui m’accorde tant de bienfaits ».

Et l’autre sentiment qui vous habite réellement en cet heureux jour, c’est cette « humilité d’autant plus grande que la tendresse, la fidélité et le pardon du Seigneur sont sans limites ».

 

          Très Révérend Père Pierre Dovi, toujours soucieux d’ « acquérir une grande familiarité avec la Parole de Dieu », de l’accueillir avec un cœur docile et priant, « pour qu’elle pénètre à fond dans vos pensées et vos sentiments et engendre en vous un esprit nouveau » (cf. Verbum Domini, N° 80 §1), vous vous êtes fait volontiers, en ce jour béni, un disciple de l’Apôtre Paul invitant Timothée, son fils bien-aimé dans la foi, à se révéler en tout un témoin fidèle du Christ. Vous considérez comme adressée à vous-même personnellement cette paternelle recommandation de l’Apôtre des Nations à Timothée : être juste et religieux, vivre dans la foi et l’amour, dans la persévérance et la douceur, et continuer à bien se battre pour la foi. Oui, il devient « juste » celui qui écoute attentivement la Parole en lui obéissant. Ce faisant, il devient un homme « religieux ». Vous entendez nous rappeler à tous ainsi qu’aujourd’hui encore, devenir un homme juste reste toujours ce mouvement qui nous pousse à vivre dans la droiture. Quant à être religieux, il s’agit bien de nous affermir dans la foi, bien au-delà des rites et des pratiques ! Et la vie éternelle est en jeu : pour l’obtenir, le disciple de Jésus que vous êtes ad unguem est prêt à continuer à se battre pour la foi, à persévérer dans l’espérance, à demeurer dans l’amour.

 

          Enfin, dans l’Evangile retenu pour ce grand jour, en neuf versets, il est question neuf fois d’AMOUR/AIMER. A vrai dire, ce passage de l’Evangile selon Saint Jean est un précieux résumé de tout l’Evangile du Christ. Et c’est avec une affection infinie que Jésus y révèle cet Amour qui a animé toute sa vie. Oui, Il nous a aimés du même Amour dont Il a été aimé du Père. Il nous invite à demeurer dans son Amour comme le Père et Lui-même demeurent en nous     (Jean XIV, 23). C’est bien en Jésus que confluent tous les amours… Lui qui est Dieu aime le Père comme le Fils peut aimer le Père. Lui qui est homme nous aime comme seul un frère véritable peut nous aimer. A y voir de près, il n’y a plus qu’un seul Esprit comme il n’y a plus qu’un seul Amour. Ils passent du Père au Fils et du Fils à nous, et de nous au Père, dans une communion définitivement rétablie. Ayant été aimé infiniment, le Fils a aimé sans mesure.

 

          Bien chers frères et sœurs, tous, tant que nous sommes (tutti quanti e tutte quante), nous sommes pétris d’amour. Pour cela, nous sommes faits pour aimer et être aimés. Et le serviteur de Dieu, l’inoubliable Pape Jean Paul II, pour l’avoir bien compris, l’a fortement martelé une fois : « Toute l’histoire de l’humanité est l’histoire du besoin d’aimer et d’être aimé… Jésus n’est pas venu condamner l’amour, mais le délivrer de ses équivoques et de ses contrefaçons ».

 

          Ce qui est important pour nous, ce à quoi notre Très Révérend Père Jubilaire veut nous éveiller, c’est que nous nous décidions tous à aimer chrétiennement, c’est-à-dire à aimer comme Jésus nous a aimés, nous aime et nous aimera toujours. Or, Jésus nous a aimés en se faisant notre serviteur et en donnant sa vie pour notre salut, car, pour Lui, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (XV, 13). C’est finalement pour cela que notre jubilaire a librement accepté de recevoir l’onction sacerdotale ce 21 décembre 1960. C’est cela qui confère sens et valeur à toute son existence depuis cinquante ans. C’est bien pour cela qu’il vit au jour le jour son sacerdoce pour que nous aussi, qui que nous soyons, quelle que soit notre situation, nous consentions à changer de vie, à commencer, dès aujourd’hui, avec le Christ, un nouvel avenir. Pour cela, avec la puissance de l’Esprit « qui est Seigneur et donne la vie », évertuons-nous à aimer comme le Christ, c’est-à-dire gratuitement, toujours, d’un amour créateur, d’un amour orienté vers l’avenir, d’un amour total, d’un amour inconditionnel, d’un amour compréhensif, d’un amour miséricordieux, d’un amour humainement divin et divinement humain. Oui, c’est cet amour-là qui « rend clairvoyant et insatiable de vérité, de beauté et de vrai bien » (Dom Chautard). Si nous aimons de cet amour-là en sachant que cet amour vient de Dieu, alors nous sommes invincibles (cf. Jean Paul II).

Pour l’Apôtre Saint Jean, cet amour est « une cascade qui prend sa source dans le Père pour se déverser dans le Fils et, par Lui, rejaillir ensuite en nous, suscitant l’amour mutuel » (M. Salamolard, Dieu est Amour …, p. 56).

 

          Et qui donc est cet heureux Jubilaire, celui sur qui se focalise toute notre attention en ce 21 décembre 2010 ?

 

          Depuis qu’il a célébré son Jubilé d’argent sacerdotal en 1985-86, suivi de ceux des 40 et 45 ans, le parcours de la vie du T.R.P. Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI nous est plus ou moins connu.

 

          Originaire de Lomé Bè-Biossé, il a vu le jour à TOKOIN-N’DANU KOPE (actuel Tokoin-Ramco) dans la seconde moitié de l’an 1929, cinquième de six enfants dont deux jumeaux. Dès 1936, il perdit son papa, et tous les six furent confiés à la garde de la seule maman (Adobui Agboba Hlomatsi), baptisée plus tard sous le nom de « MARIE ». A 10 ans, le petit Dovi rencontre son oncle, M. Joseph KLOUSSE-ALIPUI, qui l’invite à demeurer chez lui afin de pouvoir aller à l’école. Il l’inscrit donc à l’Ecole primaire Catholique de la Paroisse Saint Augustin d’AMUTIVE. Le 06 juin 1942, il reçoit le baptême des mains du Père Henri KWAKUME : son prénom chrétien est « Pierre ». Le lendemain, il est admis à la première communion et, le 03 janvier 1943, Mgr Jean-Marie CESSOU, Vicaire Apostolique du Togo, lui donne le sacrement de la Confirmation. En 1947, il est admis au Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires et sent en lui la vocation de devenir prêtre. Il est alors envoyé au Petit Séminaire Sainte Jeanne d’Arc de Ouidah. En 1957, Mgr Joseph STREBLER, l’Archevêque de Lomé, l’envoie à Rome pour ses études théologiques. Le 21 décembre 1960, après avoir franchi les étapes nécessaires pour le sacerdoce, l’Abbé Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI est ordonné prêtre de Jésus Christ dans la Chapelle du Collège « de Propaganda Fide ». Pressenti pour le Doctorat en Théologie ou en Exégèse, après sa Licence en Théologie à l’Université Urbanienne, il est plutôt envoyé à l’Université de Strasbourg (France) pour les Lettres Classiques en septembre 1961. Après trois années d’études, il est nanti de la Maîtrise en Lettres Classiques (Français, Latin, Grec, Philologie et Philosophie classique) et du Diplôme en journalisme. Après Strasbourg, il lui a été donné de passer une année de stage à Paris, à la Maison de la Radio à Auteuil, et au Jour du Seigneur à la Télévision Catholique sous la responsabilité du Père PICHARD, prêtre Dominicain.

 

          De retour au Togo le 12 juillet 1965, le Père Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI est nommé Vice-Recteur et Directeur des Etudes au Petit Séminaire Saint Pierre Claver où il a enseigné le Français, le Latin et le Grec. Devenu Recteur du Petit Séminaire après le décès du Père Riegert en 1968, la même année, il est nommé Directeur du Collège Saint Joseph où il a façonné une bonne phalange de l’élite togolaise pendant quatorze ans. Au terme d’une si riche expérience dans l’éducation, il est nommé Directeur National de l’Enseignement Catholique, mission qu’il a assumée avec zèle et détermination pendant sept ans. Entre-temps, il a créé l’Aumônerie Universitaire à l’Université du Bénin sous le nom de MCU (Mouvement Chrétien de l’Université) et fondé l’ADEP (Association pour le Développement des Peuples) inspirée de l’Encyclique « Populorum Progressio » de Paul VI (1967). Responsable de la Commission Nationale Catholique des Communications Sociales, premier Directeur de Radio Maria Togo, le Très Révérend Père Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI a eu le mérite de relancer « Présence Chrétienne » en 1994, sous l’impulsion de la Conférence des Evêques du Togo, et il en est toujours aujourd’hui le Directeur de publication. Curé de la Paroisse Saint Augustin d’AMUTIVE de 1989 à 2003, depuis 2003 il assume la charge pastorale de la Paroisse Immaculée Conception de NYEKONAKPOE. N’oublions pas que, depuis 45 ans, il est l’Aumônier National des Chevaliers et Dames Auxiliaires de l’Ordre de Saint Jean International.

 

          Enfin, il est le Vicaire Episcopal chargé de la formation des laïcs dans notre Eglise-Famille de Dieu qui est à Lomé.

 

          Homme bien formé, très cultivé, formateur, pédagogue, éducateur, humaniste, le TRP Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI continue toujours de se former et de se cultiver. Homme de foi, de prière et d’action, accompagnateur de bon nombre de personnes en quête de lumière, de sérénité et de paix, notre illustre jubilaire est humain, très humain, compréhensif, compatissant. Il a le cœur dans la main. En vrai fils de Bè, il n’aime pas biaiser. Il aime le travail bien fait et a horreur de la médiocrité et de la médiocratie. Je le remercie aujourd’hui pour ce qu’il m’a donné de découvrir et de vivre à son école pendant mes six années de collaboration avec lui au Collège Saint Joseph de Lomé      (de 1972 à 1978).

 

          Mon vœu le plus ardent, c’est que la célébration de ce Jubilé d’or sacerdotal du TRP Pierre Dovi N’DANU-ALIPUI, par la grâce du Seigneur, suscite bon nombre de vocations sacerdotales, religieuses et missionnaires de choix, signes d’une Eglise-Famille de Dieu vivante et rayonnante de foi, d’espérance et d’amour enracinés dans le Cœur aimant et miséricordieux du Christ Jésus, l’Eternel et Souverain Prêtre, et dans le Cœur Immaculé de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Notre Dame de l’Eglise.

 

          Frères et sœurs bien-aimés, ensemble rendons grâces au Seigneur car Il est si bon, car Eternel est son Amour ! Avec le psalmiste chantons sans fin l’Amour du Seigneur pour son serviteur, annonçons d’âge en âge sa fidélité    (cf. Ps 88, 2) ! Cher Père Jubilaire, que par la Miséricorde du Seigneur, votre vie sacerdotale, déjà si riche et si fructueuse, continue d’être une existence profondément marquée par l’action de grâce, une existence toute donnée, une existence « sauvée » pour sauver, une existence « qui fait mémoire », une existence consacrée, une existence tendue vers le Christ, une existence « eucharistique » à l’école maternelle de Marie, la Vierge-et-Mère ! Amen !

 

 

Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH

Archevêque de Lomé