Message de la Conférence
des Evêques du TOGO pour les Elections 2010
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- Chers fils et
filles dans le Seigneur,
- Et vous tous, hommes
et femmes de bonne volonté,
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- 1.
Voici venir des jours où, une fois encore, les Togolais seront invités à
aller aux urnes, pour se prononcer sur le candidat qu’ils jugeront le
plus apte à conduire le pays pour les cinq années à venir. Et, en se
souvenant de certaines situations passées, nombre de nos concitoyens se
posent des questions : Faudra-t-il aller voter ? Pourquoi voter ?
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- Le chrétien, un
citoyen enraciné dans Jésus Christ
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- 2.
Le chrétien, ferment dans la pâte que constitue la société, est appelé à
faire lever celle-ci afin qu’elle devienne une offrande agréable à la
gloire de notre Dieu. La transformation de la nation togolaise et son
bonheur ne peuvent se réaliser en dehors de l’action des fidèles du
Christ. Sans eux, sans nous, le monde ne saurait ni connaître la vraie
paix, ni rechercher la véritable justice, ni œuvrer pour le bien de
tous. Car, il nous en souvient, le Seigneur Jésus nous a bien instruit à
ce sujet, lui qui a affirmé que nous sommes le sel de la terre et la
lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14).
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- 3. Dans les péripéties de
notre histoire commune, nous avons le Christ avec nous, Lui, l’Emmanuel
sur nos routes d’hommes et de femmes en quête de vie, d’amour, de
bonheur. Il partage nos joies et nos peines, il guérit nos doutes et nos
découragements. Voilà pourquoi nous sommes forts et plus que vainqueurs,
quelles que soient les surprises que nous réservent l’histoire et ceux
qui, avec nous ou contre nous, l’écrivent.
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- Nous sommes donc inébranlables, solidement enracinés
sur le roc qu’est pour nous le Fils de l’Homme. Que la pluie tombe, que
le vent souffle, que la tempête se déchaîne, nous tenons fermes dans la
foi, parce que Celui qui est mort pour nous est victorieux et que nous
sommes victorieux en Lui qui nous a dit : « courage, j’ai vaincu le
monde » (Jn 16, 33).
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- 4. Convaincus de la présence
vivante et agissante du Maître de l’histoire dans l’histoire de notre
peuple, sûrs de la mission qu’il nous confie, à savoir être les témoins
de sa puissance de vie, nous avons le devoir sacré de donner le bon
exemple dans la gestion de la chose publique, et dans l’accomplissement
consciencieux de notre devoir de citoyens.
- C’est cela qui nous commande de répondre présents,
chacun pour son compte, et tous pour la nation, à l’élection
présidentielle qui sera organisée en février 2010. En effet, le Togo ne
saurait être construit sans ses fils. Chacun, à sa place, a son mot à
dire et sa pierre à apporter.
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- 5. Il est vrai que certains,
désabusés à tort ou à raison, pourraient être tentés de s’abstenir de
voter. A ceux-là, nous voudrions dire qu’aucune démission n’a jamais
promu l’homme ; c’est en faisant, comme il se doit, ce que l’on a à
faire, dans le quotidien de notre existence, sous le regard du Dieu qui
sonde les reins et les cœurs, que l’homme devient créateur à la suite et
selon l’ordre même de Dieu. Ce n’est pas faire preuve de bravoure, que
d’abandonner la lutte, quelles que soient la raison évoquée et la
difficulté rencontrée.
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- Nous vous l’écrivions le 21 avril dernier ; « Donné à
nous tous par le Créateur, le Togo appartient à tous ses fils. C’est
donc à nous tous qu’il revient d’en prendre soin, de travailler ensemble
à sa prospérité et à sa beauté, en veillant au bonheur de tous ses
habitants » (Aimer notre pays le Togo et le servir, n° 4). Que
personne n’abandonne son poste ; que chacun soit sentinelle en éveil et
bâtisseur de paix toujours au travail.
- Se sacrifier et travailler d’arrache-pied
- 6. Cela étant, il urge que
les différents acteurs aient à cœur et présent à chacun de leurs choix,
le bien supérieur de la nation. Il nous faut arrêter de penser d’abord
et exclusivement à nous, à notre propre confort, à nos intérêts
personnels. Levons la tête, prenons de la hauteur, regardons au loin, et
construisons l’avenir en prenant, aujourd’hui, les décisions adéquates.
S’il est vrai que le futur se construit au présent, il est surtout vrai
que les vœux pieux et les meilleures intentions ne suffisent pas pour
transformer notre monde. Il nous faut des actes, des actes concrets,
expression de notre amour pour la mère Patrie et pour tous ses fils. A
ce propos, le mot sacrifice devra prendre sens pour chacun et
pour tous.
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- 7. Il nous en souvient, nos
ancêtres et autres protagonistes de notre indépendance ont dû consentir
d’énormes sacrifices, pour que naisse la nation togolaise. Comment
pourrions-nous devenir les héritiers de ces vaillants martyrs, si nous
ne tissons pas la nouvelle corde sur l’ancienne, et si nous nous
employons à profiter de l’effort de nos prédécesseurs, sans penser aux
générations à venir ?
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- Peut-être nous faut-il écouter à nouveau notre hymne
national qui nous invite en ces termes : « Vainquons ou mourons, mais
dans la dignité ». Comment vaincre sans combat ? Quelle dignité évoquée
si notre vie se passait toute entière dans une recherche narcissique de
nous et de nous seulement ?
- 8. Rappelons-nous que
l’élection présidentielle prochaine se déroulera à deux mois de la
célébration du jubilé d’or de la nation togolaise. C’est dire que notre
vote devra se passer dans un contexte de joie, de fête, de bonheur. Il
nous faut contribuer, tous et chacun, à cet événement de joyeuse
jubilation. Voter dans la joie et dans la paix, quel cadeau cela serait
pour notre pays et pour tous ses habitants !
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- 9. Voilà pourquoi, une fois
encore, nous voudrions lancer un appel à tout le peuple et à chacune de
ses composantes : Le Togo appartient à tous et c’est ensemble que
nous en ferons un havre de paix ; c’est ensemble que nous en ferons l’or
de l’humanité. C’est en s’acceptant mutuellement, en accueillant les
apports les uns des autres, sûrs que nul ne peut jamais être fort, ni
intelligent tout seul, que nous dissiperons les ténèbres pour faire
advenir un jour nouveau.
- 10. A ceux qui assument actuellement la lourde
charge de veiller au bien commun, nous rappelons ceci. Depuis 2005, nous
savions tous que nous aurions une élection présidentielle à organiser en
2010. Nous vous invitons donc à tout mettre en œuvre pour réussir cette
élection, dans la sérénité, la paix et la joie. Mettez un point
d’honneur à surprendre agréablement le continent africain et le monde
entier par des élections véritablement libres et transparentes.
- 11. Nous invitons les
membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à être
vraiment indépendants : indépendants vis-à-vis des pressions
extérieures ; indépendants vis-à-vis des partis politiques qui vous ont
délégués. Ecoutez votre conscience ; recherchez la vérité ; soyez du
parti du bien. Ecrivez notre histoire et entrez dans l’histoire, par
l’organisation correcte de cette élection, et par le bon déroulement des
divers actes que requiert votre mission.
- 12. C’est une bonne chose
que de vouloir se mettre au service de la nation. Mais faut-il, pour
cela, détruire la Patrie et abuser des concitoyens ? Soyez des hommes de
Parole. Dites et faites, faites et dites, mais que ce soit toujours la
tête levée, sans mensonge ni fausseté, sans malice ni cachotteries, sans
roublardise ni honte. Soyez dignes de confiance. Que nous soyons tous
fiers de vous.
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- N’oubliez pas que, dans toute course, un seul remporte
la victoire. Souvenez-vous que tout échec peut devenir un tremplin pour
l’avenir. Accepter et respecter le verdict des urnes, ce sera faire
preuve d’une humilité qui ne pourra que vous grandir aux yeux de Dieu et
devant les hommes.
- 13. La conscience, cette
présence de Dieu en nous, mérite d’être écoutée, à tel point que, pour
rien au monde, nul ne doit agir contre sa conscience droite et éclairée.
Que chaque électeur veille donc à se donner une conscience droite, et
qu’il la suive. Aucune promesse, aucune somme d’argent, aucune menace ne
doivent vous décider à agir contre votre conscience. Soyons nous-mêmes.
Restons dignes.
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- Le bien de la Nation n’est la propriété exclusive
d’aucun groupe, ni d’aucune ethnie, ni d’aucune tribu, ni d’aucune
religion, ni d’aucune race… Que l’appartenance à ces groupes humains ne
soit pas le critère de nos choix. Votons pour celui que, devant Dieu,
nous jugeons le plus apte à nous diriger. Sortons des bureaux de vote
fiers d’avoir exprimé librement et sans contrainte ce que nous croyons
être le meilleur choix pour le Togo.
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- Mais, pour voter, il faut être sur les listes
électorales et avoir reçu sa carte d’électeur. Faisons diligence pour
nous munir des précieux documents. C’est alors que nous pourrons donner
un coup de pouce à la marche commune vers un avenir plus radieux.
- Aux membres des corps habillés
- 14. Les membres des forces
de l’ordre et de sécurité, et de l’armée sont, avant tout, des Togolais.
Tout ce qui concerne le bonheur du pays les touche, eux aussi, de très
près. Nous les invitons donc à placer l’intérêt de la nation au-dessus
de toute considération. La nation avant tout ! La nation en tout ! Le
drapeau auquel vous avez été présenté symbolise la patrie ; en vous
invitant à le défendre, c’est la patrie et chacune de ses composantes
légitimes qu’il vous est demandé de défendre et de protéger. L’oublier,
ne serait-ce pas faillir à votre mission ? Puissiez-vous faire notre
fierté en cette circonstance d’une aussi grande délicatesse !
- 15. La capacité d’un parti
politique à conduire le peuple togolais et à servir nos intérêts se
découvrira dans sa capacité à gérer ses propres membres. Un chef de
parti et des dirigeants de partis à quelque niveau que ce soit qui
seraient incapables d’insuffler paix, amour de la patrie et justice à
leurs adhérents, comment pourront-t-ils prétendre diriger le Togo et
nous conduire sur les chemins de notre épanouissement ? Que les partis
politiques travaillent donc à apaiser le climat social, à promouvoir le
dialogue dans la vérité, la sincérité et la concertation, dans l’écoute
des autres. Les dialogues de sourds sont-ils de vrais dialogues ?
- 16. Nous lançons, au nom de Dieu, un appel
pressant et solennel pour qu’il n’y ait ni casse, ni violence, quelle
que nature que ce soit, et cela avant, pendant et après les élections.
- 17. Comme nous le disions
ci-dessus, la prochaine élection aura lieu quelques mois à peine avant
la célébration du jubilé d’or de notre pays. L’intronisation de l’élu
aura lieu quelques semaines ou quelques jours avant le 27 avril 2010. La
proximité de ces événements nous interpelle.
- Notre souhait, c’est que cette élection présidentielle
s’inscrive dans le cadre des manifestations qui devront marquer les
cinquante ans de la naissance de la nation togolaise. Peut-être le Dieu
de toute providence nous appelle-t-il à une série de refondations :
Refondation de la patrie, refondation de notre être-ensemble,
refondation de la vie socio-politique, refondation de notre système
économique, refondation de notre système judiciaire, bref, refondation
de notre démocratie.
- 18. Il nous plaît de
rappeler, en plus de la désormais traditionnelle prière pour la
patrie, les dispositions que nous avons communiquées dans notre
lettre du 21 avril 2009 : « Nous demandons et prescrivons que d’ici la
célébration, le 27 avril 2010, de ce Jubilé d’Or du Togo, une messe
soit célébrée dans toutes les paroisses aux intentions de la patrie, le
27 de chaque mois, à partir de mai 2009 » (Aimer notre pays le
Togo et le servir, n° 14).
- 19. En ces moments, si
précieux pour notre pays, qu’il nous vienne spontanément à l’esprit de
recourir à la Reine de la Paix , celle à qui notre Togo a été consacré
depuis son indépendance. Comme des enfants qui, menacés par un danger ou
tout simplement sous l’effet de la peur, courent se jeter entre les bras
de leur maman, jetons-nous, nous aussi, entre les bras de la Vierge
Marie, Notre Dame du Perpétuel Secours, Mère de la Miséricorde.
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- Seigneur, fais de nous des instruments de ta paix.
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- « Là où il y a la haine, que je mette l’amour.
- Là où il y a l’offense, que je mette le pardon.
- Là où il y a la discorde, que je mette l’union.
- Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité.
- Là où il y a le doute, que je mette la foi.
- Là o il y a le désespoir, que je mette l’espérance.
- Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière.
- Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.
- Faites que je ne cherche pas tant
- A être consolé qu’à consoler,
- A être compris qu’à comprendre,
- A être aimé qu’à aimer,
- Car c’est en donnant que l’on reçoit ;
- C’est en s’oubliant qu’on trouve ;
- C’est en pardonnant qu’on est pardonné ;
- C’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.
- Amen. » (Prière attribuée à
Saint François d’Assise)
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- Fait à Kpalimé, le 12 novembre 2009
Mgr
Ambroise Kotamba DJOLIBA
Evêque de SOKODE, Président de la CET
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Mgr
Denis Komivi AMUZU-DZAKPAH
Archevêque de Lomé
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Mgr
Jacques Tukumbé ANYILUNDA
Evêque de Dapaong
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Mgr
Benoît Messan ALOWONOU
Evêque de Kpalimé, Vice Président de
la CET
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Mgr
Isaac-Jogues Agbéménya GAGLO
Evêque d’Aneho
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Mgr
Nicodème BARRIGAH BENISSAN
Evêque d’Atakpamé
|
Mgr Jacques Danka
LONGA
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